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dimanche 5 novembre 2017

Robert Pattinson parle de son anxiété, de sa célébrité avec The Telegraph


Traduction :

Robert Pattinson : 'Sans thérapie, je ne sais pas comment vous êtes supposé vivre'. 

Robert Pattinson a récemment dû tourner à New York. Plus précisément, il a dû jouer le rôle d'un criminel narcissique, fuyant la loi avec son frère mentalement handicapé après un braquage de banque raté dans les rues d'Harlem. Cela a posé quelques défis pratiques, notamment parce que Pattinson est un des visages les plus reconnaissables dans le monde du spectacle. 

Le film en question était Good Time et ses réalisateurs, Josh et Benny Safdie, sont connus pour leur réalisme social, donc les tournages étaient souvent clandestins, dans un contexte urbain chargé et la principale préoccupation de Pattinson durant le tournage était qu'il serait repéré et qu'il attirerait la foule. 

Il a passé beaucoup de temps "à essayer de ne pas penser à la célébrité. J'étais constamment inquiet.' Mais essayer de ne pas être célèbre est difficile quand vous êtes Robert Pattinson. Les films Twilight, dans lesquels il a joué un vampire adolescent enfermé dans une histoire d'amour désespérée face à sa petite amie dans la vraie vie, Kristen Stewart, l'a catapulté dans les royaumes de la célébrité au début de sa vingtaine. 

Vanity Fair l'a nommé 'L'homme le plus beau du monde' en 2009 et Barbie a produit une poupée qui lui ressemble. 'Il ressemble au vampire éblouissant Edward Cullen,' affirmait l'emballage. 

Pattinson a enchaîné le tournage des 5 films Twilight entre l'âge de 22 et 26 ans, en plus de faire une apparition dans la franchise à succès Harry Potter, après cela il lui était impossible de sortir de chez lui sans être assailli par les fans de Twilight ou de Potter. Il a 31 ans maintenant et admet librement qu'il ne sort toujours pas beaucoup. 'Je ne sais rien de rien,' dit-il, ne plaisantant qu'à moitié. 'Je vis dans une bulle à l'intérieur de ma tour d'ivoire.'

Pattinson décrit le fait d'être reconnu durant les tournages comme une accumulation de petits moments mais significatifs, qui mènent à une grande conflagration : une étincelle qui allume le tonneau de poudre à canon. 



'Vous marchez dans la rue et il y a genre une personne et vous pouvez voir que même s'ils ne vous reconnaissent pas vraiment, il y a une sorte de soupçon ou autre.' Et après cela, quelqu'un pourrait envoyer un tweet et ensuite un photographe arrive après avoir été averti, et ensuite 'en quelques heures toute la situation change. Les gens dans la rue commencent à regarder, ensuite tout le monde commence à prendre des photos et toute l'énergie est...'

Il s'interrompt et quand il parle à nouveau, c'est avec une sorte de désinvolture : 'Vous ne pouvez simplement pas tourner'. 

Malgré la pression constante qui se cache dans son esprit tout au long du tournage, dans Good Time Pattinson délivre une performance formidable. Son personnage est frénétique, mais un charmant escroc qui s'appelle Connie. Pattinson est si convaincant qu'au départ je n'avais même pas fait le rapprochement quand je l'ai vu à l'écran. 

"Qui est cet acteur américain charismatique ?' ai-je pensé, jusqu'à ce que le tilt se fasse lentement après 10 minutes. Quand il a été projeté au Festival du Film de Cannes, il a reçu une standing ovation de 6 minutes. Il a déjà été comparé au travail de Martin Scorsese et le New Yorker l'a appelé 'exemplaire et brillant."

C'est un choix intriguant pour Pattinson, parce qu'au cœur du film il y a un homme qui crée son propre récit et choisit d'y croire. Essentiellement, Connie disparaît dans une fiction qu'il a inventé. 

Pour préparer son rôle, Pattinson a passé deux mois dans le Queens avant le début du tournage. Il s'est lié d'amitié avec d'anciens détenus et a parlé aux agents de correction dans les prisons locales, où il arrivait dans la peau du personnage et essayait de se fondre dans le décor. 

Il a même échangé de fausses correspondances avec Benny Safdie et a improvisé une altercation physique dans une station de lavage auto. Sa performance a été influencé par le classique des années 1970 'Mean Streets'. "Certainement," accorde Pattinson. "Il vit dans sa propre réalité. Je pense que c'est ce que font les escrocs qui réussissent très bien. C'est comme si, même lorsqu'ils mentent, ils ne mentaient pas."

Dans un sens cela reflète la propre trajectoire de Pattinson hors écran. En tant qu'acteur, il a fait une série de choix délibérément intéressants depuis Twilight, choisissant de travailler sur des projets qui lui permettront d'abandonner l'étiquette de la célébrité superficielle. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il a résisté avec succès à l'attrait des fils de super-héros lucratifs ou des franchises de comic-book. 

"C'est parce que je ne peux pas avoir d'abdo, j'ai essayé pendant des années," dit-il, impassible. "Non, je pense que c'est effrayant d'être en quelque sorte synonyme d'un rôle... Je n'ai jamais auditionné pour eux."

Au cours des cinq dernières années, Pattinson a plutôt bâti une oeuvre acclamée par les critiques : de Cosmopolis de David Cronenberg en 2012 à Queen of The Desert de Werner Herzog aux côtés de Nicole Kidman en 2015.

L'année dernière, il est apparu dans The Lost City of Z, réalisé par James Gray. Pattinson a laissé poussé une grosse barbe et perdu 15kg pour le rôle de l'explorateur britannique, le Caporal Henry Costin. 

Quand nous nous sommes rencontrés dans un Hôtel de Londres, Pattinson est au milieu du tournage d'High Life, le premier film en anglais de la réalisatrice française Claire Denis, avec qu'il voulait travailler depuis des années et il a du mal à changer d'état d'esprit pour promouvoir un autre film. 

Il s'excuse à plusieurs reprises d'être "totalement à l'ouest... Je suis un peu éparpillé." Normalement, quand une star de cinéma dit quelque chose comme cela, cela provient d'un réflexe de politesse automatique ou d'une tentative de charme décalé. Mais Pattinson rêvasse vraiment. En personne, il est à peu près aussi éloigné du beau gosse Edward Cullen que possible. 

Il est maladroit, nerveux et donne des réponses sinueuses, pleines d'ellipses et de retour en arrière. Ses cheveux sont coupés courts, révélant une tâche blanche sur la gauche et pendant qu'il parle, il se penche en avant, frotte son cuir chevelu avec la paume de sa main et tripote la cigarette électronique noire qui est sur la table devant lui. Il semble mal à l'aise dans sa propre peau et à plusieurs reprises il est à mi-chemin d'une réponse quand il admet qu'il a oublié la question de départ.

"Désolé," dit-il à un moment donné. "C'est terrible, j'essaye." Je suis surpris de voir à quel point il semble peu confiant. Même ses vêtements sont incertains. Quand il est allé au festival de musique Coachella récemment, "J'ai eu l'impression de ressembler à un un flic des stups [infiltré]. J'avais l'air beaucoup trop habillé."

Il dit qu'il portait un short en jean, ce qui ne me semble pas trop embarrassant, mais peut-être qu'à Coachella tout semble hors de propos à moins que ce soit couvert de slogans fringants et ironiques.

Aujourd'hui, il porte une veste en cuir, un pantalon retroussé et des baskets, tous dans des tons de noir ou de bleu marine. "Je devais faire une séance photo donc j'ai l'air très très stylé aujourd'hui." dit-il. 

Pattinson a rattrapé le temps perdu avec sa propre réputation durant des années; il ne s'est jamais attendu à être une grande star de cinéma. Il a grandi dans la banlieue sud-ouest de Londres, à Barnes. Sa père vendait des voitures vintages et sa mère travaillait pour une agence de mannequins. Pattinson a deux soeurs plus âgées et fréquentait des écoles privées locales. 

Il devient membre de la compagnie de Théâtre de Barnes en tant qu'amateur et a été repéré par un agent dans une production de Tess d'Urbervilles. A 19 ans, à peine sorti de l'école, il obtient le rôle du préfet de Poudlard, Cédric Diggory dans Harry potter et la coupe de feu. "Je suis en quelque sorte tombé dedans et je suis parti de là;" dit-il. Pense t-il qu'il est bon acteur ? "Je ne sais pas. Je sais que j'essaie durement."

Pourtant, quand Twilight arrive, sa vie ne sera plus jamais la même. Au départ, sa famille était "inquiète" de voir comment il allait faire face à l'attention. "Mais ensuite, je n'ai pas vraiment changé. Et c'était marrant. Pour Moi. J'ai eu de bons agents et de très bons amis depuis le début. Donc je pense que cela devient dangereux pour les gens quand il n'ont pas d'amis et qu'ils se disent : "Oh, si des étrangers m'aiment, alors ça comblera le vide." Et ensuite quand ça ne le comble pas, vous devenez dix fois plus fou."

Pense t-il que la célébrité vient avec certains problèmes mentaux ? "Oui," dit-il, du tac au tac. "Absolument. Presque toutes les personnes que je connais et qui sont célèbres sont complètement folles. C'est juste l'isolement et aussi la répétition de vos interactions avec les gens... C'est juste bizarre." Au sommet de sa gloire et alors qu'il vivait à Los Angeles (où il a toujours une maison), Pattinson a inventé un système compliqué pour semer les paparazzis. 

Où qu'il aille, qu'il s'agisse d'un bar ou d'un restaurant, il prenait un vêtement de rechange. Il commandait plusieurs Ubers, échangeait ses tenues avec un de ses amis dans les toilettes et les envoyait dans les taxis comme leurres. Pendant une période, il avait 5 voitures de location garées à travers la ville. 

Chacunes avait un change de vêtements dans le coffre. Si Pattinson était suivi, il conduisait jusqu'à une des voitures de location, changeait de voiture, de vêtements et repartait. Est-ce important pour lui de pouvoir disparaître ? Il hoche la tête. "J'essaie de ne pas être vu entre les films. Comme cela la seule chose qui ressort sur vous dans le domaine public et ce que vous acceptez de montrer...c'est toujours une histoire de contrôle.

Si le contrôle de votre vie vous est enlevé, c'est à ce moment là que vous devenez un peu fou." Et est-il déjà devenu un "peu fou" ? "En quelque sorte," admet Pattinson. Il ne s'étendra pas, mais les gens qui le connaissent disent qu'il n'est pas contre fumer plusieurs substances. 

"Je ne peux pas vraiment dire à quel point j'étais fou avant. C'est vraiment difficile de le savoir. Mais oui, je pense qu'être capable de dissocier et compartimenter vous aide beaucoup. Si vous laissez tout vous toucher tout le temps, ce sera probablement difficile à gérer. "

La célébrité a souvent été surréaliste. Pattinson dit que quand il était dans Twilight, son agent recevait des sacs entiers de courrier de fans. "Je me souviens d'une fois où mon ancien assistant a trouvé cette lettre venant de cette femme qui était juste l'histoire la plus triste. Et il me disait, "Tu dois lire ceci, cette femme a eu la pire des vies."

Et en la lisant je me disais, "M***de. Je devrais l'appeler. Je devrais vraiment l'appeler." Et ensuite il parcourrait le reste de la boîte quand il a dit, "attend une seconde," et nous avons remarqué la même écriture sur une histoire triste complètement différente.... C'était drôle."

Cela n'a pas du être facile, alors, en 2012, quand la relation hors écran de Pattinson avec sa co-star Kristen Stewart a implosé de façon spectaculaire en public après 3 années ensemble. Stewart a eu une liaison avec le réalisateur Rupert Sanders - qui était marié au mannequin britannique Liberty Ross - et des photos du couple s'embrasant ont été publiées dans les médias. 

Il y a eu une couverture sans fin et tout le monde avait une opinion, y compris Donald Trump, qui a pris sur lui de tweeter un conseil non sollicité : "Elle l'a trompé comme un chien et le fera de nouveau - suffit de regarder." Pattinson ne parlera pas de ses relations passées ou présentes ("Je n'en parle pas," dit-il, mettant fin à toute conversation.)

Et sa réticence devient plus compréhensible quand, dans les jours qui ont suivi notre rencontre, la rumeur dit qu'il s'est séparé de sa fiancé, la chanteuse FKA Twigs. Gérer cela sous les yeux du public a déclenché des épisodes d'anxiété. 

"Tout me rend anxieux." Comment cela se manifeste t-il ? "Juste une sorte de paralysie, d'indécision. Vous finissez par ne pas faire grand chose." Il décrit le métier d'acteur comme un moyen d'échapper aux pensées intenses qu'il a en tête. "Une chose vraiment sympa sur le fait de jouer la comédie, c'est comme un exercice de thérapie étrange. Si vous êtes insécurisé ou timide ou autre, alors vous pouvez en quelque sorte essayer d'étendre votre horizon dans le cadre d'une fiction. 

"Je ressens tellement d'angoisse quand je joue et tout le monde réagit en disant "Sois toi-même!"Et en général je suis la dernière personne que je veux être." Il y a quelques années, Pattinson a commencé une thérapie. Quand il l'a dit à ses parents en rentrant en Angleterre ils étaient "littéralement horrifié. Et je me disais, "Pourquoi est-ce une mauvaise chose " Il y a cette stigmatisation étrange. C'est si bizarre...Mais je pense que ça leur renvoi des choses

"je n'y vais pas si souvent. Je l'apprécie vraiment [sa thérapeute]...Vous essayez simplement de comprendre ce que vous ressentez à propos de quelque chose. Ça m'apporte beaucoup... Je veux dire, [sans thérapie] je ne sais pas comment vous êtes supposé..." il s'interrompt dans une longue pause. Vivre, je suggère ? 'Vivre' acquiesce-t-il et il regarde le sol, puis se tourne vers moi et sourit. 

Robert Pattinson n'est pas ce que j'attendais. De l'extérieur, son existence à l'air charmante. Pourtant, derrière cela, sa tête est un chaudron bouillonnant d'anxiété, de doute et de questions sans réponses sur la vie. C'est intéressant de lui parler. C'est possible que cela fasse même de lui un grand acteur. Mais par-dessus tout, cela le rend moins vampire et ineffablement, indéniablement plus humain. 

Source

Traduction : Sabine@therpattzrobertpattinson.blogspot.fr

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